Comment Elle invite des copines...

Dire qu'on est en dépression...On le prend comme une honte, on le ressent comme ça. Alors, on se dit que non, on arrive à retrouver de l'énergie. Et puis, revient cette tristesse, cette détresse. Comme une amie dont on ne veut pas mais qui s'invite. Et un jour, Dame dépression mange à ta table. Tous les jours.

Alors, tout s'assombrit. Mais tu ne le vois pas, pas tout de suite. C'est comme le déclin d'un soleil. Tu t'en rends compte qu'une fois qu'il fait noir et froid.

J'ai jamais voulu ça et j'ai tout fait pour...Mais également je me suis mentie et j'ai menti aux autres. Parce qu'on se sent dans le jugement. Parce que le lieu commun veut que quelqu'un en dépression soit quelqu'un de faible. Alors, on se ment et on ment aux autres en affichant un sourire et un "oui, ça va". Le réveil et le démenti font mal. Mais si des gens en face de nous pense que une faiblesse et qu'on n'est rien, faut s'en éloigner, les bannir de notre vie. Ils ont tort. On est forts, on est des guerriers qui surmontent des épreuves et qu'ils aillent au diable. C'est un combat, que l'on doit mener pour nous, pour nos enfants, et qu'on doit gagner. Et on le gagnera. Moi, je le gagnerai; j'en suis sûre. Ca sera long, douloureux, mais je planterai un putain de drapeau avec écrit "Je suis toujours là !".

J'ai subi un tas d'épreuves dans ma vie et bizarrement, certraines me sont revenues à ce moment-là (et certaines re-re). J'ai, je crois, accumulé beaucoup de fatigue. Je me sens vidée, absente, y'a plus rien. Ni physiquement, ni émotionnellement (ou pas toujours, ou peu ou épisodiquement), ni psychologiquement. Je me regarde et je me déteste parce que je me comprends plus. Je sais pas qui est cette fille dans le miroir. C'est pas moi. En tout cas, c'est pas celle que je connais.

Et je comprends pas non plus pourquoi tout est dur maintenant, même se lever, même aller aux toilettes, même faire à manger....Tout, tout est devenu compliqué. Mon cerveau, je sais même plus s'il existe parfois. J'oublie beaucoup alors que j'avais une cercelle d'éléphant. Parfois je regarde l'heure et il est 2, 3 heures plus tard. Et j'ai rien vu. Je me sens fatiguée tout le temps. Je dors mal, et même si je dors bien, je me sens crevée. Je suis comme un putain de pneu vieux et crevée. Parfois, j'arrive plus à réfléchir et il m'est arrivé de bugger sur une question simple de mon aîné. J'étais comme partie et revenue parce qu'il reposait sa question. Je me suis tellement sentie minable si vous saviez...

Et dans ma tête, y'a une ptite voix qui crie, qui supplie un STOP.  Mais surtout, y'a un personnage qui apparaît : Dame culpabilité.

Je suis ce qu'on appelle une maman solo. Et pour nous, y'a pas de papa parce qu'il a préféré vivre sa vie et nous oublier. A ça, franchement, vous apitoyez pas, c'est tant mieux. C'était pas quelqu'un de bien et je sais ce que je dis. J'étais solo déjà en étant avec lui alors me libérer et pouvoir leur faire du bien et qu'il ne fasse plus de mal, ni à moi ni à eux...franchement, je m'en plains pas et je préfère. J'ai juste beaucoup de peine pour mes garçons car ils n'ont pas de vrai papa et que j'aurais aimé que ce soit autrement. Mauvais choix de géniteur, c'est comme ça...

Bref, je suis partie avec eux en septembre 2017. Le week-end avant la rentrée en petite section pour mon aîné. Et depuis, notre vie, c'est nous trois et y'a que ça qui compte pour moi. C'est pas toujours simple. Ni pour moi avec mes histoires personnelles (amoureuses ou pro ou financières, je parle d'un tout) et ni pour eux. Surtout mon grand pour qui je suis très vigilante parce qu'il a connu son père plus que son frère. Il fait de l'énurésie, je sais pourquoi. Maiiiis, ceci est une autre histoire (même si ça en fait partie, sinon j'en parlerai pas).

Bref, ces ptis bouts, ils n'ont que moi. Et moi, je suis là, corps et âme et je le serai toujours jusqu'à mon dernier souffle.
Mais ces ptis bouts...quand Dame Dépression et Dame culpabilité s'invitent chez toi, ben t'en arrives à les oublier malgré toi. Pas toujours bien sûr, tu restes cette maman dévouée, mais quand t'en es là...Y'a des moments avec le temps, t'es plus là. Et parfois, tu les laisses en autonomie avec des pseudos consignes et en disant que si y'a un problème...t'es dans ton lit.

Voilà, c'est ça que je devenue pour mes enfants. Une maman trop fatiguée et incapable. Une maman la plupart du temps dans son lit. Comme si c'était normal. Une maman qui culpabilise d'être ainsi et qui parfois se fait violence pour sortir avec eux, voir la lumière, faire autre chose. Mais, une maman qui n'arrive plus à faire autrement, même quand elle essaie. Une maman qui a dernièrement trouvé une astuce pour pouvoir passer du temps avec eux : partager un film ou un animé le soir avec eux...dans son lit. Parce que ça me demande pas d'effort, et qu'on rit ensemble, on parle, on partage. Dans ce putain de lit, ok, mais au moins on se re-connecte; on est ensemble...

Est-ce que je voulais ça pour eux ? Clairement non. Est-ce que j'envie les autres mamans ? Clairement que oui. Je suis souvent jalouse de ma frangine et mes neveux et souvent je me dis que je suis (à côté d'elle) une maman de merde et qu'il méritent mieux que moi.
Merci Dame culpabilité.

Et en même temps, j'ai pas bien tort. Juste que j'arrive pas à faire mieux. 

Pour le moment....